Ils étaient une famille. Avec tout le lot que ça apporte mais ils étaient une famille.
Je ne tricotte pas mais j'imagine que l'expression * tricotté serré * s'appliquait à eux.
Malgré tout, ( les chicanes, la violence, la pauvreté ) ils vivaient comme dans un cocon sur un arbre mort. Qu'importe !
ils étaient ensemble.
Puis est venu le temps de la maladie. Quelques mois et ils perdirent un des leur. Comme un orage qui vient, on se dit que ce n'est pas le temps mais que finalement c'est mieux ainsi, la pluie aide les petites pousses à pousser...
Puis quelques uns du cocon se sont aventuré à l'extérieur. Les plus vieux, les plus indépendants. Il restait qu'un petit à l'intérieur qui n'osait pas les suivre. Mais où aurait-il aller ? La mama était avec lui...
Puis la mama voulu sortir aussi de l'abri. Le petit resta donc seul durant plusieurs années en regardant les formes de ses frères et soeurs estampées dans le nid et regrettait déjà la vie de famille. Plusieurs fois il voulu, lui aussi, sauter en bas de l'arbre et peut-être ne pas retomber sur ses pattes? Qui sait. Prendre ses jambes à son cou et aller voir du pays.
Il quitta lui aussi le logis un jour, accablé de concevoir qu'ils ne seraient plus ensemble, du moins, comme avant. Le petit devint grand, se cogna plusieurs fois sur des racines, croyant que c'était ça la vie. Il se tricotta un autre cocon où il fit une place à un autre qui allait être dorénavant un peu comme sa famille. Souvent, il aurait aimé être née dans une meute de loups. Là où chaque membre contribue à nourrir, éduquer...
Qu'importe... Il comprit que ceux qui naissent dans un cocon doivent quitter et voler de leur propre ailes et que ce n'est pas en tirant sur les cordes des liens que ça fera qu'une famille sera plus unie... Au contraire. Un peu lorsqu'on tire un fil sur un chandail de laine... Vaut mieux le laisser aller ou le couper, mais jamais tirer dessus pour le rassembler à nouveau...